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  • jlsarrato1

Rencontres en résidence autonomie

Chantal n'a que 75 ans mais elle se présente comme la doyenne du lieu : il faut dire qu'elle en a été l'une des premières résidentes. C'est elle qui, croisant ma route un jour où je dédicaçais à l'intermarché voisin, m'a incité à prendre contact avec le responsable du service animation. Elle a lu « Faits Divers ». Elle se souvient l'avoir beaucoup aimé mais elle ne se rappelle plus de l'histoire. Elle s'en excuse les larmes aux yeux : c'est la faute des vingt-deux séances d'électrochoc qu'elle me dit avoir subi... Je ne savais même pas que la pratique existait encore ! Ses yeux bleus ont été lavés par les larmes... Elle me parle de son mari emporté par le crabe, du fils qu'elle a perdu, des petits-enfants qui habitent bien trop loin pour lui rendre visite... Elle interpelle ses copines, me les présente et les incite à regarder mes livres...

Andrée est née en 1933... Elle a longtemps vécu rue du Mûrier... Peut-être l'ai-je croisé lorsque, dans les années 60, je rentrais de l'école en tenant la main de ma mère. Elle a connu le kiosque de Georges photos et se souvient vaguement de la dame qui y travaillait... Je lui apprends que c'était ma marraine ! Je lui parle du roman que je suis en train d'écrire et qui se passe, pour partie, dans le Toulon de l'après-guerre ! Si elle s'en souvient ? Évidemment ! Comme elle se souvient du sabordage de la flotte et des déluges de bombe. Elle hésite entre « Le premier domino » et « Faits divers »... Pour finir elle prend les deux. Surtout, elle me donne son téléphone pour que, après les fêtes, nous échangions autour de ses souvenirs.

Janine a 97 ans. Elle se déplace à l'aide d'un rollator muni d'un siège qui lui permet de s'asseoir. Elle a les doigts déformés par l’arthrite, un visage plus ridé qu'une terre desséchée. Elle est désolée mais elle ne lit plus de romans depuis longtemps : c'est trop long ! Et puis, elle préfère passer ses journées à butiner sur internet ! Rien de ce qui fait l'actualité ne lui échappe. Elle est joyeuse et terriblement vivante... Si je n'avais pas peur de la casser, je la serrerais dans mes bras et l'embrasserais !

Et puis Marie. Et puis Germaine. Et puis Marie-Pierre...

C'est à cela que ressemble mes interventions en « résidence autonomie »  De prétendues séances de présentation de mes romans qui donnent lieu à de belles rencontres, des souvenirs que je recueille, un amour de la vie que je reçois et qui, à chaque fois, me rend plus enthousiaste !

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