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  • jlsarrato1

Réflexion du 25/08/23…

Se remettre, tout doucement, à l'écriture. Reprendre l'habitude de se donner rendez-vous à soi-même. Chaque jour, à la même heure, faire face à la page qui attend d'être noircie. Sortir mille mots - plus parfois mais jamais moins - de son âme ou de son chapeau, d'un ailleurs indéfinissable.

Espérer, bien sûr, que le roman terminé sera lu et aimé. Est-ce l'appât du gain qui pousse ? Le goût de la gloriole ? Ce serait alors mauvais calcul : parmi les nombreuses façons de s'enrichir ou d'acquérir célébrité, se piquer d'écrire est l'une des plus hasardeuses.

Alors pourquoi ? Parce que ces mots veulent exister tout simplement, parce que les personnages se pressent, parce que l'histoire se construit et qu'il n'est, lorsque l'on nait homme, pas d'autre façon d'accoucher et de donner la vie !

Voilà réflexion qui peut surprendre et prête le flanc à la polémique… Et pourtant : si virtuels que paraissent les protagonistes d’un roman, ils commencent par n’être qu’une graine, qu’un embryon que l’on nourrit et qui, de chapitre en chapitre, se construit. Il arrive toujours un moment où ils semblent prendre vie. Ils nous échappent alors et éprouvent un malin plaisir à défier le destin que nous leur avions imaginé. Ils sont, en cela, semblables à des enfants indisciplinés qui se jouent de la volonté paternelle.

Allons plus loin encore dans le blasphème : écrire, c’est le temps d’un roman, être Dieu. Un Dieu certes moins efficace que celui qui a créé le monde en sept jours, mais tout de même ! S’affranchir du réel et des règles qu’il impose, redéfinir l’existant jusqu’à parfois – d’Homère à Tolkien – donner naissance à un univers alternatif où les héros accomplissent des exploits « bigger than life ».

C’est aussi, parfois, le désir inavoué, l’espérance viscérale d’être aimé. N’est-ce pas risible ? Au moment de présenter son ouvrage, on devrait pourtant revêtir une épaisse carapace pour se prémunir contre l’indifférence et les railleries. L’expérience aidant, on s’imagine capable de tamiser les critiques ; de jeter au feu les remarques acerbes qui ne visent qu’à blesser pour ne conserver que ce qui permet de s’améliorer. Mais comment cela deviendrait-il plus facile ? C’est une part de soi que l’on a couché sur la feuille. Ce sont des phrases que l’on a reprises cent fois, les sculptant et les ciselant en amoureux de la langue, de son phrasé, de sa musique.

C’est douter souvent mais espérer toujours. Espérer que le lecteur éprouvera autant de plaisir à découvrir notre histoire que l’on en a eu à l’écrire. Un mot, un « j’ai lu et j’ai aimé », c’est alors une vague de chaleur qui vous submerge, une joie presqu’enfantine qu’il est difficile de décrire. C’est comme un « merci » et ce mot, merci, n’est-il pas le plus beau de la langue française ?

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